2e épisode – REGARDS- Musée des Beaux-Arts de Lyon

2e partie

Cette 2e partie de visite du musée des Beaux-Arts de Lyon nous entraîne dans le département de peintures du XVIIe au XIXe siècle situé au 2e étage.

( voir le n°63 pour la 1ère partie)

091Le XVIIe

L’Eglise de Rome de la contre-réforme veut redonner Foi aux fidèles en offrant l’image du triomphe de la religion. L’élan mystique passe par les courbes et contre-courbes et les compositions en spirales, en architecture, sculpture et peinture. Rome garde son prestige et les peintres vont y parfaire leur apprentissage. La France connait une période florissante dans les arts. C’est l’époque du Grand Siècle, celui de Louis XIV.

salle 5-

Crucifixion- Simon Vouet –

Nommé 1er peintre du roi à son retour de Rome. Ici Le sujet est digne des films hollywoodiens. Tous les ingrédients du théâtre sont réunis : gestes amplifiés, draperies tourmentées, ciel orageux et sombre, personnages pris sous les lumières puissantes des projecteurs et jeux des regards qui ajoutent au tourbillon.
A noter, deux « vanités» qui montrent la prétention humaine (richesse, musique, beauté..) par rapport à sa brièveté de vie :

Jeune079 femme à sa toilette-N Régnier et Vanité–Simon Renard

. Dans l’une c’est la jeunesse qui va se faner, dans l’autre c’est la fragilité des choses qui montre le temps qui passe (l’homme est caduc, l’amadou se consume, les bulles vont éclater..). Petit coup d’œil sur une autre version du thème de Danaé- J Blanchard.
Il est dommage de ne pas pouvoir contempler La Cène de Philippe de Champaigne, souvent absente.

salle 6-

La résurrection du Christ- Charles Le Brun, peintre du roi Louis XIV-

Tableau en forme d’offrande royale à Dieu. Saint-Louis présente Louis XIV au Ciel, qui lui remet son sceptre et son casque. Colbert montre les richesses procurées par son gouvernement. L’envolée baroque suit la hiérarchie qui va des soldats vaincus, au Christ ressuscité en passant par le roi victorieux revêtu de son riche manteau fleurdelisé.
Saint Dominique et saint François d’Assise préservant le monde de la colère divine. Rubens
Ici c’est la Contre-réforme dans toute sa puissance évocatrice. Dans une envolée en spirale, le thème décline la luxure, l’avarice, et l’orgueil des hommes qui suscitent la colère du Christ brandissant la foudre tel Zeus. Mais les 2 saints qui ont fait vœu de chasteté et de pauvreté (voir les pieds nus et poussiéreux de saint François) tentent de ramener le monde à la vertu, tandis que la Vierge intervient dans un geste d’apaisement. La touche rapide et épaisse posée à larges brosses contribue au mouvement. A remarquer, le geste puissant du pinceau qui pose le jaune des mèches de cheveux.
Stella- plusieurs tableaux.. Né à Lyon, devient peintre du roi Louis XIII- Mal connu jusqu’à ce jour, il retrouve ses heures de gloire grâce au musée de Lyon qui l’affectionne particulièrement.

salle 9-

Coupe d’argent, citron, raisins et montre- Abraham Van Beyeren

La nature morte est un genre à part entière en peinture. Des objets du quotidien, choisis pour la beauté de leurs matières et couleurs, sont installés dans un espace qui rappelle celui du théâtre. Ce tableau se rapproche aussi des Vanités en nous rappelant l’écoulement du temps et la fragilité des choses (la montre, l’écorce, la coupe renversée). Le peintre hollandais excelle dans la représentation des reflets et les jeux de lumière et décline une infinie variété de bruns allant du jaune de Naples jusqu’au noir pour nous entrainer vers des blancs d’argent purs.

salle 12-

Mercure et Argus- Jordaens

Cet épisode des Métamorphoses d’Ovide, nous montre Mercure déguisé en berger qui tente de délivrer Io transformée en génisse blanche par Jupiter pour la préserver des vengeances de son épouse. C’est l’instant où il s’apprête à tuer le géant aux 100 yeux, endormi par le son de sa flûte. L’effet dramatique est amplifié par le point de vue en contre-plongée qui donne de l’importance au premier plan : les pieds des 2 personnages situés au niveau de nos yeux ainsi que l’arme de Mercure, nous font participer à l’action en nous mettant dans la confidence. Le sujet est aussi un prétexte pour peindre des animaux, vaches et chien, affectionnés par l’auteur.

L’adoration des mages- Rubens099

Magnifique tableau aux couleurs somptueuses. La composition en diagonale entraîne notre regard vers la lumière de la main de l’enfant qui caresse avec douceur le crâne du vieillard. Une grande tendresse se dégage de cette scène intimiste où la lumière illumine le visage du vieux roi. Les blancs à peine rosés font apparaitre les carnations fragiles des enfants (on reconnait le fils de Rubens) en contraste avec les rouges et les jaunes puissants des personnages, largement distribués . La circulation des blancs va de la Vierge qui « cale » le tableau, jusqu’au ciel clair situé sur la gauche, en passant par les turbans qui font le lien et soulignent la diagonale.
Le XVIIIe siècle. Le siècle des Lumières abandonne petit à petit la peinture classique et ses commandes d’Etat, pour s’intéresser aux sujets plus légers passant par la sensibilité et les goûts de l’artiste. Voir les toiles de Boucher (salle 13) héritées de l’art baroque. La mode est aussi aux tableaux révolutionnaires et moralisateurs avec un certain goût pour l’exotisme.

Salle 14-

Salon des fleurs- XVIII et XIXe

Le musée des Beaux-Arts est riche dans la représentation de la peinture lyonnaise du XIXe- Ici c’est l’industrie qui guide les sujets. Les tableaux de fleurs servaient de modèles aux élèves de la classe de fleurs de l’école des Beaux-Arts, futurs dessinateurs engagés dans la soierie lyonnaise. Ce sont souvent les professeurs eux-mêmes qui se montrent en exemple. Barjon, Saint-Jean…

salle 15-

Le grand canal à Venise- Bellotto

Les palais, les reflets, les murs rongés de la ville super star, ont été de nombreuses fois peints, dessinés par les artistes de toutes les époques. Le tableau de Bellotto fait partie des séries des « vedute ». Commandées et peintes en grand nombre, elles sont les cartes postales de l’époque.

La dame de charité- JB Greuze

Appelée « peinture de115 genre », le sujet se veut moralisant. Une dame de condition aisée fait découvrir la pauvreté à sa fille et lui apprend la bienfaisance. Le tableau composé comme une frise utilise les ingrédients de la mise en scène de théâtre. Le réalisme des gestes amplifiés, le jeu des regards, le rideau « de scène » au-dessus du lit, les mouvements des tissus suggèrent les misères du monde et les tourments de l’âme. La gamme des gris, des bleus et des blancs est exacerbée par l‘entrée de la lumière qui vient de la fenêtre à la manière d’un projecteur. Belle représentation des plis de la manche de l’homme.

. LE XIXe SIÈCLE

« La France vit au rythme des secousses politiques : révolutions, épopée napoléonienne, insurrections.. L’Europe occidentale se consacre à l’industrie, à la science et aux conquêtes coloniales. Le sentiment national prend corps. Le mouvement romantique défend et cultive la notion de liberté dans la création artistique. L’invention de la photographie, et bientôt du cinéma, bouleversent la conception traditionnelle de l’art ».

Un changement dans la manière de peindre s’opère : grâce à l’invention du tube de peinture, l’artiste n’est plus obligé de broyer ses couleurs. Les choix des sujets ne sont plus seulement le résultat de commandes mais celui du goût du peintre, qui, par la multiplication des salons peut se faire connaitre auprès des marchands d’art. Deux courants s’opposent : l’académisme d’Ingres et le romantisme de Delacroix.

Salle 16-

les peintres « troubadour » Richard, Revoil

La peinture troubadour est une spécificité lyonnaise. Les petits formats sont à la mode ainsi que le goût pour le Moyen-âge. Revoil professeur à L’école des Beaux-arts créent ses petites scènes de genre à la manière hollandaise. Belle lumière, belle matière lisse, glacis…

Salle 18-

La mort de marc-Aurèle- E Delacroix

S’inspirant de l’antique, Le sujet rejoint la grande tradition de la peinture d’histoire mais n’en demeure pas moins original quant à son approche. L’ambiance recherchée est celle du doute lié aux capacités de succession de Commode connu pour ses dérives perverses. Grand tableau à la palette de couleurs riche en rouges sanguinaires et bruns sombres. La touche est large, posée avec fermeté. Voir l’esquisse à gauche du tableau.
On note aussi, avec regret l’absence de La dame au perroquet de Delacroix. Délicieux petit tableau plein de sensualité (couleurs vives, lumière, touche délicate..)
Sculptures et modelages-Barye, Daumier….
Après avoir observé les animaux de la ménagerie du Jardin des Plantes, souvent en compagnie de Delacroix, Barye les met en scène dans des compositions sauvages. Le rendu du pelage rappelle la formation de graveur de l’artiste. (Voir le lion dans le département des sculptures)
Daumier se moque du pouvoir en place, de la bourgeoisie, de la société en général à travers ses caricatures qui exacerbent les traits des personnages pour les ridiculiser. Ici ce sont les répliques en bronze des oeuvres originales en terre. On peut lire les touches de terre qui les composent.

Salle 20-

La visite se termine par les 18 tableaux du Poême de l’âme, de Louis Janmot (Lyon) qui expriment ses convictions philosophiques et religieuses.
. En rejoignant le rez de chaussée, il est recommandé de traverser l’ancien réfectoire des bénédictines de l’époque baroque (peintures et décor sculpté). Une promenade autour des oeuvres du XXe siècle pourra se faire plus tard, après les modifications de l’accrochage.

Sources
L’esprit d’un siècle-catalogue de l’exposition
La symbolique chrétienne des couleurs-Jean-Bruno Renard
Histoires de peinture- Daniel Arasse (conférences)

Author: LaFicelle

Share This Post On

Submit a Comment

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *