les peintures inconnues de l’ île Barbe

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Scoop de la FICELLE –

 

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Après l’histoire de l’ île Barbe parue dans le n° 53 de La ficelle, nous avons eu envie de vous faire découvrir, en avant-première, les peintures murales de l’abside de la chapelle de l’ île. Ces peintures, inconnues jusqu’à ce jour, sont encore en cours de restauration et c’est avec émotion que nous avons pu les contempler, dans leur récente mise au jour.
La chapelle Saint-Anne fut construite aux environs du XIIe siècle. Sur son puissant rocher, l’abbaye bénédictine qui fut un grand centre spirituel et intellectuel au Moyen-âge, attirait de nombreux pèlerins, ce qui rendit nécessaire la construction de cette chapelle, à l’extérieur du monastère pour permettre les dévotions tout en préservant la paix du cloître.

Depuis lors, l’abbaye a disparu mais la chapelle demeure, flanquée de son clocher en pierres aux allures de donjon. La chapelle conserve une galerie voûtée d’ogives, ornée de chapiteaux romans, et une abside , la nef ayant disparue au XIXe siècle.
Dans le cul-de-four de l’abside et la travée du choeur, nous apercevons un ensemble de peintures assez endommagées constellées de points d’ancrage destinés à fixer la nouvelle peinture sur l’ancienne, nous apprend-on. L’aspect « martelage « rend la lecture difficile. Des couleurs, des ocres, des bleus. Petit à petit des visages apparaissent. Un enfant, des jambes, des bras, un âne…. Puis, avec l’aide de la restauratrice, nous discernons des scènes différentes : un Massacre des Innocents, une Fuite en Egypte, un Christ en majesté, une Annonciation…Au fur et à mesure de la lecture, les images s’installent racontant des épisodes de la Bible.

 

Le travail de restaurateur

Florence Cremer :

« Charlotte Gaillard, doctorante en archéologie et moi-même , avons été chargées d’étudier et de restaurer les peintures murales de l’abside de la chapelle primitive.
Le travail à deux a été passionnant. Pendant que l’une étudiait le bâti, l’autre découvrait les peintures.. C’était une collaboration formidable avec la prise de repères chronologiques en même temps que la découverte des peintures, le bâti en étant l’articulation..
En faisant des sondages, nous avons pu identifier 8 périodes de peintures qui se superposent, allant du XIe au XIXe, chacune prenant appui sur la précédente. Chaque période a refait un nouveau décor et fait disparaître en partie le précédent.

De la couche inférieure datant du XIIe, jusqu’à celles des dernières périodes nous avions des fragments à identifier. Les décors des XVIIIe et XIXe reconnaissables par des faux moellons, leurs joints bruns et quelques fleurettes, sont peu intéressants et font disparaître en partie l’Assomption de la Vierge du XVIIe .Ce dernier, bien conservé, a lui-même détruit toute la partie XIVe, à moins qu’il ne l’ait été avant celui-ci, faute d’entretien. Quant à la partie XVe, elle n’est visible que par quelques fragments.. Au début, nous avons été intriguées par l’image d’un enfant lancé dans les airs, et avons supposé la représentation du Massacre des Innocents . Le thème étant unique dans la Bible, il ne pouvait pas en être autrement. Petit à petit ,le soldat, le cheval, les personnages de la scène ont été dégagés. Pour la Fuite en Egypte située à côté, ça n’était pas évident non plus. La Vierge représentée d’une manière hiératique, comme sur un trône ne correspondait pas à l’image véhiculée, d’une femme sur un âne. Puis une couleur brune est apparue, celle de l’âne, puis Joseph qui se retourne..c’était extraordinaire de découvrir petit à petit la scène. Nous n’avons pas été déçues, elle est très intéressante. La couche visible du XIIe est celle de l’esquisse ..C’est très émouvant de voir les traces du stylet du peintre .
Le travail de restaurateur consiste à dégager ces différentes couches sans les détruire. C’est un travail de fourmi. Le dégagement d’un décor au burin et au petit marteau est délicat, le support étant très fragile. La consolidation se fait en même temps que le dégagement par injection de chaux à la seringue. pour permettre l’adhérence sans détruire l’existant. »

Comment décider de la période à privilégier ?

« Le choix du restaurateur est difficile. Quelle époque privilégier? La plus ancienne n’est pas forcément la plus intéressante. La décision est difficile à prendre. Consolider le tout sans choisir? Laisser la juxtaposition des décors en sachant qu’ils n’ont jamais cohabité?
Nous avons cherché à dégager l’ensemble du XIIe. Mais allait-il être plus intéressant que la peinture du XVIIe qui le recouvrait. Nous avons opté pour la conservation des deux. Nous avons enlevé délicatement la couche du XVIIe représentant l’Assomption de la Vierge. La peinture était relativement bien conservée, nous l’avons décollée et conservée sur un autre support. On pourrait l’exposer éventuellement , plus tard, dans le même espace ».

la restauration

L’association « les amis de l’île Barbe » s’occupe de la restauration et la mise en valeur dans le respect du site. La chapelle actuelle, est en cours de restauration, La solidité de la structure des croisées d’ogives doit être assurée ainsi que l’assise du clocher qui n’est plus appuyée sur la nef.
Ces restaurations permettront d’ouvrir le site au public, pour des expositions et des concerts .

Author: LaFicelle

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