René Leynaud, croix roussien poète et résistant -1910 1944-
René Leynaud porteur de documents clandestins fut arrêté par des miliciens place Bellecour à Lyon le 16 mai 1944. Alors qu’il tentait de s’enfuir il fut fauché par une rafale de balles tirée dans les jambes et fut conduit à l’Hôtel Dieu . Des camarades résistants déguisés en brancardiers tentèrent d’organiser son évasion. Malheureusement il avait été très rapidement transféré à la prison de Montluc où il fut incarcéré jusqu’au 13 juin 1944. Les allemands qui préparaient l’évacuation de Lyon choisirent des prisonniers dont le rôle dans la Résistance était particulièrement important . Leynaud et 18 autres camarades furent emmenés en camion jusqu’à un village de la Dombes. Les soldats leur ordonnèrent de descendre et de se diriger vers un bois, les balles de mitraillettes crépitèrent dans leur dos et abattirent les hommes.
René Leynaud , mort dans sa 34e année, était le onzième enfant d’un famille ardéchoise venue s’installer à Lyon. Il passe son bac au lycée Ampère. Habité par la poésie, grande passion de sa vie, il entreprit des études de droit. Sa vocation d’écrire l’incite à rentrer au Progrès où il devient rédacteur. Il se marie, a un fils. Mobilisé en 1939, il se bat en Lorraine puis en Belgique , fait la retraite de Dunkerque et gagne l’Angleterre le 4 juin 1940 dans une embarcation de fortune.
« j’ai immédiatement cherché une barque pour passer en Angleterre. Des gars du Génie m ‘ont accepté à bord d’un bateau à moteur qu’ils avaient remis en état. Nous avons fait route vers l’Angleterre. La traversée a duré 22h et plus d’une fois nous nous sommes crus perdus. Le bateau faisait eau de tout part, nous avons du pomper la nuit entière….. »**
Dès le début de 1942 Leynaud revenu en France entre en contact avec les groupes de résistants et devient chef régional du mouvement Combat à Lyon.
Lyon , capitale de la Résistance, est le lieu de rencontre de René et d’Albert Camus à qui il prête son appartement situé sur les pentes de la Croix Rousse, lors de ses passages dans la ville. Camus exprime son amitié dans la préface des « poésies Posthumes ».
« j’ai souvent logé en 1943, lors de mes passages à Lyon, dans sa petite chambre de la rue de la Vieille Monnaie que ses amis connaissent bien. Leynaud en faisait les honneurs brièvement , donnant tous ses soins à la lampe de chevet et puis, se relevant, sortait des cigarettes d’un pot de grès et les partageait avec moi (….) et dans mon souvenir, ces heures là sont restées celles de l’amitié. »***
René Leynaud se consacre aux transmissions et aux renseignements sous le nom de code de CLAIR. Il assume la responsabilité de la propagande régionale et conserve la direction du SR politique. ( Service de Renseignements)
Après le sabordage du Progrès en 1942, il est journaliste à COMBAT et crée un journal clandestin résistant « la Marseillaise »
« En 1943 (..le journal..) devient l’organe régional des MUR (Mouvement Uni de la Résistance) (..) le journal est alors tiré à 50000exemplaires par jour.(..)les journaux sont distribués, mitraillettes au point, à la sortie des usines, ou encore collées sur les murs sur les affiches allemandes. Dans la clandestinité, le journal doit faire passer les messages des MUR, donnée des nouvelles des maquis, affirmer la prépondérance de De Gaulle, dénoncer les crimes de la milice mais aussi donner des conseils de prudence. »*
Les postiers résistants interceptaient les lettres de dénonciation destinées à la Gestapo et les déposaient dans une boite aux lettre relais de la Résistance. C’est en relevant l’une d’elle située passage de l’Argue que René a été suivi et arrêté et finalement fusillé laissant une veuve Ellen et un enfant de 3 ans Pierre.
Lors de ses funérailles en novembre 1944 dans l’église Saint Polycarpe, les portes s’ouvrent. Dans un flot de lumière des soldats présentent leurs armes. Le général De Gaulle, chef de la France résistante, avance. S ‘étant recueilli il dépose sur le drap noir recouvrant le cercueil, deux croix: la Croix de Guerre et la Croix de la Résistance.
En hommage posthume, Camus, particulièrement touché par la mort de son ami écrit:
« Il faut que nous en parlions (..de René Leynaud..) pour que la mémoire de la Résistance se garde, non dans une nation qui risque d’être oubliée, mais du moins dans quelques coeurs attentifs à la qualité humaine. (….) nous lui garderons ce qu’il aurait préféré, le silence de notre coeur; le souvenir attentif et l’affreuse tristesse de l’irréparable (….) la mort d’un tel Homme est un prix trop cher pour le droit redonné à d’autres hommes d’oublier dans leurs actes et dans leurs écrits ce qu’ont valu, pendant 4 ans , le courage et le sacrifice de quelques français.«
(lettre posthume de Camus vendredi 27 octobre 1944 publiée dans Combat)
En 1945 la rue Vieille Monnaie, lieu de résidence de René Leynaud, fut rebaptisée à son nom, le signalant « fusillé par les allemands ». Elle fut modifiée par la suite en indiquant « arrêté par la milice, fusillé par les nazis ».
La mairie du 1er a l’intention de poser une plaque commémorative au 6 de la rue Leynaud.
Chanson (écrite en Lorraine par René Leynaud en 1939)
extraits
Partis pour la Guerre
Quand venait le matin
-Paissez la bruyère
et le romarin-
Il chantait la guerre.
(……)
Parti pour la guerre
-Viens le vent revient-
Je te prie ma mère
Que tes simples mains
Abrègent la guerre
Brève à nos destins.
Poésies – version bilingue allemand français -Comp’Act
*RL poète et journaliste dans la <résistance de H Bagory, H Le Duff, S Delhumeau
***Préface des Poésies Posthumes- Camus- Gallimard
18 février 2017
Avez-vous un renignement sur la récluserie saint-Sébastien .
il y avait un hermite.puis Filles colinnettes pénitentes, Providence (1463-1790) ?
Merci de votre attention